Quand nous pensons à une armure médiévale complète, nous nous concentrons souvent sur le casque, le plastron ou les grèves. Cependant, une pièce cruciale, mais souvent oubliée, est la escarcelle. Cette partie de l’armure a joué un rôle fondamental dans la protection de l’une des zones les plus vulnérables d’un guerrier : la hanche et le haut des cuisses. Dans cet article, nous approfondissons l’histoire, la conception et l’évolution des escarcelles dans les armures, dévoilant pourquoi leur innovation a été si vitale sur le champ de bataille.
L’escarcelle, également connue sous le nom de jupe de plaques, était un ajout essentiel aux armures, surtout à partir des XIVe et XVe siècles. Sa conception, qui variait selon l’époque et la région, avait un objectif clair : protéger l’espace entre le plastron (la cuirasse de la poitrine) et les cuissardes (les plaques qui couvraient les cuisses). Sans cette pièce, l’aine restait exposée, devenant une cible facile pour les lances et les épées.
Que sont les escarcelles d’une armure médiévale ?
Les escarcelles sont un composant de l’armure qui est fixé au volant du plastron. Elles consistaient en une série de plaques de métal, généralement rectangulaires ou en forme de tuile, qui se superposaient pour offrir une protection flexible. Elles étaient portées de chaque côté du corps et étaient conçues pour couvrir le haut des jambes et les hanches, un point faible de l’armure complète. Leur fonction principale était d’empêcher la pointe d’une lance ou la lame d’une épée de pénétrer l’aine du combattant.
Caractéristiques et évolution aux XIVe et XVe siècles
L’utilisation de l’escarcelle s’est particulièrement popularisée aux XIVe et XVe siècles, avec un développement notable en Italie. Initialement, ces pièces étaient des plaques relativement simples, mais avec le temps, elles sont devenues plus élaborées et fonctionnelles. Les escarcelles des armures de cette époque étaient fixées au plastron au moyen de sangles à boucles, ce qui permettait une certaine mobilité. À mesure que les techniques de combat évoluaient, le design de cette protection évoluait également. Au XVe siècle, les armures gothiques présentaient des escarcelles avec des arêtes courbes et rayonnantes, une caractéristique esthétique et fonctionnelle qui les distinguait.
En armure pour les combats à pied, une escarcelle supplémentaire était parfois ajoutée, pendue au garde-reins pour protéger le coccyx. Cependant, le design le plus intéressant se trouvait dans les armures équestres, c’est-à-dire celles utilisées pour monter à cheval.
Escarcelles pour le combat à pied vs. le combat à cheval
La différence entre les escarcelles pour l’infanterie et la cavalerie est un exemple clair de la spécialisation dans la conception des armures. Dans le combat à pied, la mobilité était fondamentale, de sorte que les escarcelles recherchaient un équilibre entre protection et flexibilité.
Dans les armures pour monter à cheval, les escarcelles étaient presque toujours inégales. La droite était plus courte que la gauche, pour plusieurs raisons clés :
- Mobilité : Une escarcelle plus courte du côté droit facilitait le fait que le cavalier puisse monter et descendre sans difficultés.
- Protection asymétrique : Le côté gauche du cavalier était beaucoup plus exposé aux attaques de l’adversaire, surtout dans les tournois où ils s’affrontaient de flanc. Pour cette raison, l’escarcelle gauche n’était pas seulement plus longue, mais elle était souvent renforcée et même, dans certains cas, consistait en une seule pièce plus robuste.
Pour améliorer la mobilité du cavalier, certaines escarcelles pour armures équestres étaient construites avec plusieurs pièces articulées, une avancée qui deviendrait plus courante au XVIe siècle.
Évolution des escarcelles au fil des siècles
La méthode de fixation des escarcelles a également évolué avec le temps. Initialement, elles étaient clouées directement au plastron, une méthode peu pratique qui limitait le mouvement et la durabilité. Plus tard, cette méthode a été remplacée par un système de sangles, beaucoup plus efficace et sûr.
Le XVe siècle a été un tournant. Bien que les armures de cette époque présentaient souvent des escarcelles d’une seule pièce, le design était en constante évolution. En France, par exemple, jusqu’en 1470, les quatre escarcelles de l’armure (deux de chaque côté) avaient généralement les mêmes dimensions, formant une “jupe de plaques” qui couvrait le bas du torse et le haut des jambes. Sous cette jupe, une cotte de mailles était généralement portée pour ajouter une couche de protection supplémentaire.
Sous le règne de Louis XI, une autre innovation fut observée : les escarcelles commencèrent à être cannelées, un design qui suivait les lignes du volant du plastron pour améliorer la résistance et dévier les coups. Ce n’est qu’au XVIe siècle que les escarcelles des armures à plusieurs pièces articulées devinrent populaires, permettant une mobilité supérieure tant à pied qu’à cheval.
L’importance des escarcelles dans les armures d’aujourd’hui
Aujourd’hui, les escarcelles sont des pièces de grande valeur pour les collectionneurs, les reconstituteurs historiques et les passionnés d’histoire médiévale. Leur étude nous renseigne sur l’ingénierie et l’ingéniosité des anciens armuriers, qui cherchaient constamment à perfectionner la protection du guerrier sans sacrifier la mobilité. Des escarcelles d’une seule pièce aux versions articulées, chaque design raconte une histoire d’adaptation et de survie sur le champ de bataille. Comprendre la fonction et l’évolution des escarcelles des armures nous permet d’apprécier l’armure complète comme un chef-d’œuvre de la protection et de l’ingénierie humaine.
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